Apres une courte halte a Phnom Penh, pour accompagner mes parents a l aeroport et voir le musee du genocide khmer ( j avais besoin de m y confronter, savoir pourquoi je ne connaissais rien de cette Histoire alors que ca s est termine il y a seulement 20 ans! ), je suis vite alle sur la cote.

Depuis quelques temps une idee me trottait en tete: trouver une ile deserte, que quelqu un m y depose en bateau pour que je puisse jouer au Robinson Crusoe et qu il me recupere quelques jours plus tard. N etant pas completement maso je prevois quand meme du riz et de l eau...

Ca peut paraitre etrange a pas mal de monde mais ceux qui me connaissent bien savent que c est un "theme" qui me tient a coeur depuis que je suis assez jeune. Toujours les influences de Mac Gyver peut etre ?

Par cette "experience" je cherche simplement a etre livre a moi meme, devoir me faire un petit abris, passer mes journees a essayer de l ameliorer et parcourir l ile pour trouver de quoi me substenter...Bref ramener le quotidien a quelque chose de tres basique mais pour le coup completement essentiel !

Mon regard s est donc tourne du cote de Kep, petite ville balneaire a la frontiere du Vietnam.

Avec une guesthouse magnifique qui abrite plusieurs types de "cabannes": de plein pied, sur pilottis ou dans les arbres...

Sauf qu apres quelques jours d investigation, je me suis rendu compte qu il n y avait pas d endroits comme je recherchais, ou personne pour m y emmener... Mais il y avait une alternative: l ile au lapins...Une ile fameuse du coin, avec une plage de sable banc bordee de petits bungalows, sur un cote et, a l oppose: rien ! Personnes !

Me voila donc parti pour ce cote oppose...Je suis depose comme tous les autres touristes devant ces fameux bungalows mais je ne m arrete pas, je longe la cote pour atteindre mon coin ideal...Seul hic, c est que le cambodgien n a pas, a prioris, la meme notion de "alone et nobody" car meme s il y a que quelques familles de pecheurs, elles sont quand meme la! Je me retrouve a avoir fait le tour de l ile ( 9 km ) sans avoir trouve mon bonheur. Je suis decu...

Tant pis ce ne sera pas pour cette fois...Mais je compte quand meme bien profiter des 5 jours 4 nuits que j avais prevu. Je fais une croix sur la construction d abris et plante la tente a l endroit le plus recule que je trouve.

Le cote culinaire prend alors le dessus sur le cote solitaire...et le cote "Kho Lanta" se transforme en: sur la plage les bras en croix ! Mais ce sera aussi l occasion d une belle rencontre avec les pecheurs...

Au bout d une journee, a essayer de trouver des mangues, de ramasser des noix de coco, je ne suis pas passe inappercu et mon feu de camp me rend facilement localisable. Donc des le premier soir, j ai la viste de 2 anciens qui viennent me questionner un peu sur mes intentions. Une fois leur curiosite rassasiee, ils reviennent 1/4h apres et m offrent une noix de coco ( celle que je n avais pas reussi a avoir moi meme !). Mon diner du lendemain est tout trouve...

Alors du coup, j ai appris 2 choses sur la noix de coco:

_la premiere c est que quand elle est encore dans son "ecorce" et qu on a pas de machette et bien c est assez complique de pouvoir la deguster. Ca se merite, ca prend du temps...Maintenant je sais que le meilleur moyen est de la mettre sur le feu pour que les fibres deviennent cassantes. Ensuite un bon cailloux un peu tranchant suffit...

_la deuxieme c est que quand tu manges une noix de coco entiere a toi tout seul, ton estomac s en souviens ! Au moins j ai pu tester de me soigner avec du charbon de bois .

Mes contacts avec les pecheurs sont de plus en plus nombreux, je les fais marrer... Je les aiderais a relever leurs filets, j irais avec l un d entre eux couper du bois pour construire une hutte, je partagerais meme mon repas avec une famille. Du coup, ils me donnent de la patate douce, me montrent comment eux cuisinent les palourdes et une autre baie commestible ( meme gout que la prunnelle! )...

Je demande a ce qu ils me montrent a quoi ressemble la patate douce pour que je puisse la reconnaitre a mon tour. Un gars m emmene et puis au bout d 1/4h me dit qu il fait quand meme tres chaud, qu il faut encore marcher 10 minutes...Bref il me fait comprendre qu il prefere rentrer pour la sieste... donc je ne sais toujours pas trouver cette plante par moi meme.

Mes autres festins seront a base de crabes! 

Pour l anecdote, mes 2 papis m auront apportes une noix de coco tous les soirs ( sauf un ou il y a eu un tres gros orage )...Apres la premiere, j ai quand meme evite d en remanger et les ai offerte a ceux que je croisais.

5 jours qui sont passes tres vite mais ou j ai quand meme pu profiter de la serenite des vagues, medite le soir, et surtout rencontrer ces gens!

Bon et bien le chauffeur n etait ni trompetiste ni saxophoniste ou quoi que ce soit d autre...c est dommage, ca aurait peut etre rendu le trajet un peu moins long...Car au final les 15h de bus ce sont transformee en plus de 17...de quoi mettre a l epreuve la patience de papa !

Mais au final on est bien arrive a Siem Reap et les formalitees a la frontiere n ont pas posees de soucis. En un peu plus d 1/2h c etait fait...et pour 23 dollar plus 5 dollar pour differentes paperasses ( quarentaine, frais de dossier etc...) qui ne semblaient pas toujours tres officielles, mais bon...c est toujours plus rapide et plus avantageux que de passer par une ambassade!

 S il y avait bien un site que je tenais particulierement a faire en Asie c etait les temples d Angkor. Ils faisaient vraiment partis de ces images qui me faisaient rever, qui m attiraient, m envoutaient ! Et de pouvoir partager ca avec mes parents quelle chance! Quelle chance d etre ensemble pour decouvrir la magie des lieux et d en ressentir ses effets...

Tout d abord, Angkor Wat...c est bien sur le plus connu, l essence du site vu qu il est meme sur le drapeau du pays. Et bien que ce ne soit pas notre "prefere", on ne peut rester insensible...Le temple est immense ( 300 000 ouvriers et  esclaves et 6000 elephants pour les 37 annees de construction ), ses tours majestueuses et ses bas reliefs, superbement conserves sont tout simplement sublimes.

Ankgor Thom ( une pensee a toi le Titan! )...Des son approche, il nous a touche. Ils faut passer sous une magnique porte ornee de 4 visages de Boudha, regardant dans chaque sens...Derriere son enciente, un parc immense de gommiers, fromagers, banians et eucalyptus, qui abritait autrefois plus de 100 000 personnes.

Et en son centre, il abrite le Bayon, un temple deroutant, compose originellement de 54 tours de ce meme Boudha a 4 faces et dont il n en reste plus que 37 maintenant. Tous ces visages sont identiques et pourtant, avec les marques du temps, l erosion, la lumiere, l angle sous lequel on les regarde, ils ont tous une expression differente...Il nous a vraiment plus.

Puis, en dehors de la, quelques kilometres plus loin, on decouvre le Ta Phrom...Lui aussi fait parti des figures mythiques d Angkor, car c est un temple qui n a pa ete "nettoye" de sa vegetation. Il y a donc de la mousse sur les mur, les visages des statues et un melange d arbres et de racines qui se fondent dans la pierre, se faufilent toute en finesse ou, au contraire, s imposent par la force...mais bizarement toujours avec une belle harmonie. Personnelement, c etait vraiment ce que j attendais, et cette osmose m a laissee contemplatif voir meditatif...

On decouvrira d autres endroits encore, un peu moins connus mais tout aussi charismatiques, tel que le Ta Som ou le Preah khan, eux aussi envahis par la nature... 

Apres  6h de minivan sur une route tres sinueuse et un peu  ( beaucoup ) cahoteuse, on arrive a Phonsavan. Une ville qui semble recente ( faut dire que la region a eu plus que son lot de bombes durant la guerre du Vietnam ), active et en plein developpement mais denuee de charme particulier ( si ce n est bien sur ses habitants toujours aussi souriants ! ). 

Mais l interet reside ailleurs: un melange d Histoire, de legendes et de mysteres autour des sites de la Plaine des Jarres. La pour le coup, le charme est bien present !

Une atmosphere se degage de ses multiples vases de tailles diverses, creuses dans du gres, deposes ca et la selon un ordre qui nous echappe mais qui est la ! De plus, la nature y a seme sa graine:  plus d une jarre se trouve  transformee en magnifique pot a bonzai, ou eclatee par la force de l arbre, ou entrelacee et cajolee par les racines comme pour une reconciliation du vegetal et du mineral. Bref, le cadre a lui seul est enchanteresque...

Mais, en plus de ca, il y a tant de questions sans reponses : qui les a creusees, comment les a t on transportees ( il n y a pas de gres dans les environs des sites! ) et dans quel but ?

Par contre, on sait qu elles ont ete re utilisees soit comme silo a grains, soit comme chambre funeraire autour du I siecle avant JC ( soit comme cocons a cretins... 2012 apres JC!!!!!! ).

Merci a Thong, qui a ete notre guide anglophone et chauffeur durant cette journee, pour toutes ses precisions ( dont on a capte ce qu on pouvait ! ). On fera aussi un tour, a l ancienne capitale de la province qui a ete completement rasee par les bombardements ( la frontiere du Vietnam est tres proche ) et de laquelle il ne reste plus qu un Boudha et un Stupa.

Nos perigrinations nous conduisent ensuite a Ventiane, la capitale. Ce trajet est (La)o en couleur et memorable: 13h de bus local, pouet,de nuit, pouet, avec musique a fond et chauffeur, pouet, nuque longue et marcel blanc, pouet, autant adepte du sifflement que du klaxonnement pour marquer le tempo... Heureusement, pouet, il conduisait tres bien Pouet pouet pouet!

Ventiane: on est tres agreablement surpris par cette ville. Elle est immense compare a ce qu on a vu jusque la mais on decouvre sa promenade au bords du Mekong, totalement deserte en pleine journee. Il faut attendre que le soleil decroisse pour la voir s animer et se colorer d echoppes en tout genre. L astre diurne est alors remplace par la chaleur des sourires croises sur le marche. Et, comme a Luang Prabang, plein de tres beaux temples. On choisira le Vat That Luang, temple symbole du Laos, pour avoir une pensee particuliere pour Papy et la famille: un an deja... 

On choisit de faire etape a Savanaket pour couper un peu le long trajet jusqu a Pakse. On s attend au pire: un chauffeur trompettiste et jongleur pourquoi pas ? Mais non, il est beacoup plus conventionnel et moins exuberant...et le bus est beaucoup plus confortable. Les seulement 9h de nuit passent tres vite vu qu on peut dormir! On profitera de cette pause pour ecouler ( c est le bon terme! ) notre stock de fromage. On aura aussi le plaisir de longs echanges avec des moines qui veulent pratiquer leur anglais.

Pakse n est plus qu a 4h de route. On y arrive en debut d apres midi, sous un soleil d enclume! Apres 2h de galeres en ville pour arranger le passage au Cambodge, on trouve un Tuk Tuk ( fraichement repeint: cf tee shirt de Juan Marco ) pour nous conduire a Champassak, encore plus au Sud, ou on veut se poser un peu.

Pour cela, on choisit meme, le lendemain, de pousser encore un peu plus loin et de rejoindre le village de Ban Phapho. Un village qui a dresse des elephants pour les travaux forestiers. Quel emerveillement de se balader dans les riziere et de tomber nez a trompe ( ou trompe a nez ca depend du point de vue ) avec un pachiderme! C est autre de chose d en voir un sans une cloture, de pouvoir s en approcher et de sentir toute cette puissance...tranquille...

On restera 2 jours, pour s impregner un peu de la vie du village, et se gorger de sabai dee et de sourires...

Le Laos touche a sa fin pour nous car on on se dirige vers la frontiere demain matin. 15h de route en perspective: quel chauffeur, quel vehicule...tout ce qu on sait c est que cette fois ce sera de jour! Et que ce pays restera present en nous, pas forcement pour ses paysages mais bel et bien pour la beaute d ame et le sourire de ses habitants...